Qu’est-ce qu’un objectif ? On utilise les objectifs pour définir qui nous voulons être. Peut-être alors que les objectifs sont des destinations. Ces destinations font marcher notre imagination grâce à la promesse d’un futur meilleur : « va courir un marathon », « achète une maison », « obtiens 1000 followers ». La promesse étant le déclencheur, parce qu’on ne peut pas vraiment savoir.
La seule chose qui nous motive étant la promesse de ce futur, parce qu’en vérité, on ne peut pas le prédire. Ces destinations sont des terres inconnues. Les objectifs ont tendance à être basés sur des choses que nous n’avons pas encore expérimentées. C’est en jetant l’ancre que nous entamons la transition entre imagination et réalité. En d’autres termes, le jour où nous définissons l’objectif représente le point le plus éloigné de la réalité.
Atteindre notre destination prend du temps. Pendant ce voyage, on apprend des choses, et nos circonstances et priorités sont susceptibles de changer. Nous ne sommes pas les mêmes qu’au début. Plus l’on se rapproche, plus la silhouette de la réalité se révèle et ne ressemble plus à une idée préconçue. Notre relation dogmatique avec les objectifs suggère deux options : abandonner le navire, ou continuer. J’aimerais en proposer une troisième : changer de cap.
Et si nos objectifs étaient des destinations ?
En voyant nos objectifs comme des destinations, on limite notre capacité de réussir dans une fin bien précise. Pour nous, ne pas perdre de poids, ne pas courir de marathon, ne pas gagner telle somme d’argent signifie que nous avons échoué. On condamne nos objectifs, et nous au passage, en ayant des attentes irréelles. Que faire pour éviter ça ? Fixer des objectifs sans espérance.
Pensez aux objectifs comme des phares. Les phares servent de guide. Ils illuminent un passage sûr pour les bateaux en mer, les empêchant de s’écraser contre des collines irrégulières sur lesquelles ils sont souvent construits. Les phares eux-mêmes ne sont pas des destinations. Ils poussent dans une zone difficile dans un panorama bien plus vaste, plus attrayant, non détectée en raison d’un aveuglement volontaire. Redéfinir nos objectifs comme des guides plutôt que des destinations permet d’enlever toute notion d’émerveillement. Mais ça nous aide surtout à nous débarrasser de nos espérances pour voir le tableau en entier.
Nous mesurons souvent la réussite en atteignant une étape de notre vie, établie il y a longtemps.
La cible est petite, et le risque d’échouer grand. Quand les objectifs sont des phares, la réussite se mesure seulement en montrant des progrès régulièrement, peu importe qu’ils soient grands ou petits. On n’est plus confiné dans une quête dont le but est flou. Cela nous donne de la latitude pour grandir et explorer. Cela nous permet de mettre à jour nos objectifs, basés sur ce qu’on apprend, afin de les garder pertinents. Ils s’alignent sur nos besoins en constante évolution, ce qui nous motive. C’est toute la différence entre « courir un marathon » vs « être en bonne santé », « obtenir 10000 followers » vs « créer du meilleur contenu », « parler couramment une langue » vs « apprendre à mieux communiquer ». On ne se concentre plus sur l’issue mais sur le processus.
Autant que vous le pouvez, mettez en place des objectifs spécifiques. Construisez vos brillants phares près des côtes de tous les endroits que vous voulez visiter. Voyez-les pour ce qu’ils sont : des concepts, des idées, des points de repère mentaux construits pour ne pas se perdre en mer, tandis que nous faisons notre petit bout de chemin. Le point de départ étant ce qu’on est, et le point d’arrivée ce qu’on veut être.
Comme les phares, les objectifs ne sont bien que selon ce qu’ils vous permettent de voir.
Traduit de : Ryder Carroll